L’intelligence artificielle bouleverse les règles du jeu créatif. En quelques mois, MidJourney, Runway, DALL•E ou ChatGPT sont devenus des compagnons de bureau pour les communicants, et des questions ouvertes pour les designers. Mais faut-il y voir une menace pour la création humaine ? Ou un catalyseur de nouveaux rôles et de nouvelles exigences ?
L'illusion de la compétence visuelle
Ce que les outils génératifs proposent, c’est une esthétique instantanée. Un brief tapé, une image qui émerveille. L’efficacité est déroutante.
Mais cette esthétique n’est pas synonyme de cohérence. Ni de vision. Ni de direction artistique.
Ce que l’IA peut produire en 30 secondes, elle ne peut pas encore le penser.
La véritable valeur du designer : la direction
Dans un monde où tout le monde peut produire des images, la vraie différence se situe ailleurs :
Savoir ce qu’on veut dire
Choisir la forme qui le renforce
Maintenir une cohérence systémique
Le designer d’aujourd’hui devient un chef d’orchestre culturel, pas un simple exécutant d’effets visuels.
"Dans le bruit visuel, l'humain reste le seul à pouvoir imposer un sens."
Les nouveaux rôles de la création
L’IA oblige à repenser la chaîne de valeur :
Le designer devient scénariste, sélecteur, monteur.
Il teste, filtre, affine, cadre, questionne.
Il injecte du sens dans l’automatisation.
Ce n’est pas la machine qui remplace. C’est le regard humain qui se redéfinit.
L’urgence de l’éthique visuelle
Avec des images créées en masse, l’enjeu devient culturel :
Quelle est la responsabilité des designers face à la prolifération d’images sans auteur ?
Comment maintenir un rapport à l’authenticité, à la vérité visuelle, au respect des références ?
L’IA peut générer des formes, mais seul l’humain peut poser un cadre, une morale, une intention claire.
Conclusion : s’adapter, et reprendre le pouvoir
L’IA est là. Elle va rester. La question n’est pas de la refuser, mais de la maîtriser.
Les designers doivent élargir leur territoire :
Développer leur capacité à raconter, à penser l’image, à construire un langage visuel cohérent.
Ne plus être uniquement des faiseurs, mais des penseurs de formes.
Dans le bruit visuel, l’humain reste le seul à pouvoir imposer un sens.